La Peste
Publication 1947
Genre et Registre Réflexion sur l'homme et sur le monde
Genre Nouvelles et romans du 20-21e
Durée 9:30:00
Nombre de Chapitre ou Parties 0
Date de l'édition 1947
Pays
Mots clé

Review

ALBERT CAMUS

Prix Nobel de Littérature (1957)
 
Albert Camus naît à Mondovi, en Algérie, en 1913. Pendant la seconde guerrre mondiale, il intègre un mouvement de résistance à Paris, puis devient rédacteur en chef du journal «Combat» à la Libération. Romancier, dramaturge et essayiste, il signe notamment «L'étranger» (1942) et «La Peste» (1947), et reçoit le prix Nobel de littérature en 1957. Il meurt en 1960 dans un accident de voiture.
 

La peste

Lu par Christian Gonon (Durée d'écoute : env. 9 h 30 mn)
 
Suite à une épidémie de peste, les autorités décident de fermer la ville d'Oran. Les habitants s'organisent pour survivre au siège de cette maladie mortelle et en particulier le docteur Rieux. Il est l'un des premiers à identifier les symptômes de la maladie et devient une figure centrale dans l'organisation sanitaire de la ville. Parmi les autres personnages, certains seront attachants, d'autres sembleront ailleurs, d'autres reconnaîtront dans la catastrophe la main de Dieu qui punit les pécheurs. Mais finalement, ils seront tous embarqués dans une lutte sans merci. Celle de la survie. 

Christian Gonon incarne le narrateur masqué et discret de La peste. D'une voix un peu détachée, car le narrateur se veut être un témoin fidèle, il décrit au jour le jour les «faits véritables» qui se sont produits à Oran pendant le fléau. Une lecture humble et pudique au service d'un texte mythique. 

L'écoute en classe de ces CD est autorisée par l'éditeur.
 
• MOUVEMENT LITTÉRAIRE : Littérature philosophique 
• GENRE ET REGISTRE : Réalisme critique
 
Comment dire l'indicible ?
 
«– Naturellement, vous savez ce que c'est, Rieux? 
– J'attends le résultat des analyses. 
– Moi, je le sais. Et je n'ai pas besoin d'analyses. J'ai fait une partie de ma carrière en Chine, et j'ai vu quelques cas à Paris, il y a une vingtaine d'années. Seulement, on n'a pas osé leur donner un nom, sur le moment... Et puis, comme disait un confrère : "C'est impossible, tout le monde sait qu'elle a disparu de l'Occident." Oui, tout le monde le savait, sauf les morts. Allons, Rieux, vous savez aussi bien que moi ce que c'est... 
– Oui, Castel, dit-il, c'est à peine croyable. Mais il semble bien que ce soit la peste.»
 
UNE CRITIQUE
 
Le roman s'inscrit dans le cycle de la révolte de Camus.: -La peste - l'homme révolté et les Justes
La peste est interprétée comme une transposition de l'occupation Allemande en France,ainsi que l'organisation qui s'en saisit. Mais ce n'est pas tout :
Elle constitue un réel engagement de l'auteur,qui se livre à une satire bien plus large; une ample réflexion, par laquelle s'exprime,un humanisme septique et lucide.
Cette subite irruption de la maladie qui marque un contraste saisissant avec la routine, traduit cette idée d'enfermement de l'individu dans la prison de sa propre condition humaine.
Parallèlement l'absurde s'y inscrit dans une perspective culturelle, outre qu'elle renvoie à l'histoire des fléaux et qu'elle soit liée à la guerre.
Les journaux, naturellement, obéissaient à la consigne d’optimisme - à tout prix - qu’ils avaient reçue. A les lire, ce qui caractérisait la situation, c’était "l’exemple émouvant de calme et de sang-froid". Mais dans une ville refermée sur elle-même, où rien ne pouvait demeurer secret, personne ne se trompait sur "l’exemple"donné par la communauté.
Il y avait d'autres sujets d’inquiétude... 
Par suite des difficultés du ravitaillement qui croissaient avec le temps. La spéculation s’en était mêlée.
Les pauvres qui souffraient ainsi de la faim, pensaient, avec plus de nostalgie encore, aux villes et aux campagnes voisines, où la vie était libre et où le pain n’était pas cher. 
Puisqu’on ne pouvait les nourrir suffisamment, ils avaient le sentiment, d’ailleurs peu raisonnable, qu’on aurait dû leur permettre de partir; si bien,qu’un mot d’ordre avait fini par courir, qu’on lisait parfois sur les murs, ou qui était crié, sur le passage du préfet : " Du pain ou de l’air! ". 
Cette formule ironique donnait le signal de certaines manifestations vite réprimées, mais dont le caractère de gravité n’échappait à personne.
Alors que la peste, par l’impartialité efficace qu’elle apportait dans son ministère, aurait dû renforcer l’égalité chez nos concitoyens, par le jeu normal des égoïsmes, au contraire, elle rendait plus aigu dans le cœur des hommes le sentiment de l’injustice. 
Il restait, bien entendu, l’égalité irréprochable de la mort, mais de celle-là, personne ne voulait. 
Le fléau,en tant que rupture concrète avec l'ordre habituel des choses,devient une véritable intrusion surnaturelle,invraisemblable.
Le docteur Rieux incarne le stoïcisme désespéré de l'homme qui lutte sans illusion contre la cruauté du destin. 
De même Tarrou, au lieu de partir retrouver au loin la femme qu'il aime,préfère,lui aussi,rester pour soigner inutilement les malades :
- Qu'est-ce qui vous pousse à vous occuper de cela?
- Je ne sais pas,ma morale,peut-être.
- Et laquelle?
- La compréhension.
Comment ne pa être séduit par cette forme d'engagement élevé?
Ce sont finalement,ceux qui ont les idées bien arrêtées qui, vont "se retrouver" dans la maladie et mourir, à l'instar d'un Panetoux qui prêche :"Le fléau qui vous meurtrit,vous élève et vous montre la voie",refuse d'admettre l'évidence et se départir de sa foi aveugle en Dieu - il ne peut que renoncer à vivre-
En revanche, Grand prend conscience de ses failles et admet le tragique de sa condition. Il incarne de ce fait, le héros Camusien par excellence.
La peste est finalement une allégorie,une forme concrète du mal métaphysique,
où les personnages incarnent les différentes attitudes face au monde absurde et à la solitude de l'univers.
La structure du roman n'est pas sans rappeler la tragédie classique. 
Le narrateur s'engage dans un véritable travail de dramaturgie.
 
CITATIONS
 
  • Rien au monde ne vaut qu’on se détourne de ce qu’on aime.
  • ... l'habitude du désespoir est pire que le désespoir lui-même.
  • Le mal qui est dans le monde vient presque toujours de l'ignorance, et la bonne volonté peut faire autant de dégâts que la méchanceté si elle n'est pas éclairée.
  • Qui pouvait affirmer ... que l'éternité d'une joie pouvait compenser un instant de douleur humaine ?
  • Vous n’avez pas de cœur », lui avait-on dit un jour. Mais si, il en avait un. Il lui servait à supporter les vingt heures par jour où il voyait mourir des hommes qui étaient faits pour vivre. Il lui servait à recommencer tous les jours. Désormais, il avait juste assez de cœur pour ça.
  • Il savait ce que sa mère pensait et qu'elle l'aimait, en ce moment. Mais il savait aussi que ce n'est pas grand-chose que d'aimer un être ou du moins qu'un amour n'est jamais assez fort pour trouver sa propre expression. Ainsi, sa mère et lui s'aimeraient toujours dans le silence. Et elle mourrait à son tour - ou lui - sans que, pendant toute leur vie, ils pussent aller plus loin dans l'aveu de leur tendresse. [...] Mais lui, Rieux, qu'avait-il gagné d'avoir connu la peste et de s'en souvenir, d'avoir connu l'amitié et de s'en souvenir, de connaître la tendresse et de devoir un jour s'en souvenir. Tout ce que l'homme pouvait gagner au jeu de la peste et de la vie, c'était la connaissance et la mémoire.
  • Ils savaient maintenant que s'il est une chose qu'on puisse désirer toujours et obtenir quelquefois, c'est la tendresse humaine.
  • Ce qui m'intéresse, c'est qu'on vive et qu'on meure de ce qu'on aime.
  • Maintenant je sais que l'homme est capable de grandes actions. Mais s'il n'est pas capable d'un grand sentiment il ne m'intéresse pas.
  • On apprend au milieu des fléaux, qu'il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser.
  • Je n'ai pas de gout pour l'heroisme et la sainteté. ce qui m'intéresse c'est d'etre un homme.
  • Quand une guerre éclate, les gens disent : « Ça ne durera pas, c'est trop bête. » Et sans doute une guerre est certainement trop bête, mais cela ne l'empêche pas de durer. La bêtise insiste toujours, on s'en apercevrait si l'on ne pensait pas toujours à soi.
  • Rien au monde ne vaut qu'on se détourne de ce qu'on aime.
  • J’ai trop vécu dans les hôpitaux pour aimer l’idée de punition collective. Mais, vous savez, les chrétiens parlent quelquefois ainsi, sans le penser jamais réellement. Ils sont meilleurs qu’ils ne paraissent.
  • Mais il savait aussi que ce n'est pas grand chose que d'aimer un etre ou du moins qu'un amour n'est jamais assez fort pour trouver sa propre expression.

La Peste

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